Hello :)
Comment vas-tu?
Il y a eu pleins de fois où j’ai eu envie de t’écrire….et puis finalement, je ne l’ai pas fait.
D’une part, parce que je profite pleinement de ma vie, d’autre part, parce que j’avais l’impression de partir un peu dans tous les sens. Au final, ce dernier point est sûrement dans la continuité de mes lettres depuis 4 ans.
Début mai, je t’ai écris une lettre pour partager l’année de deuil de maman et ce qu’elle m’avait apprise. Je ne l’ai pas envoyé sur le moment, et ensuite ça me paraissait étrange de le faire.
Pourtant, je me rends bien compte combien cette expérience m’a marqué durablement.
La semaine dernière, j’ai subit un chirurgie dentaire.
En arrivant, je me sentais super mal. J’étais persuadée que la gélule que j’avais avalé 1h plus tôt était restée coincée dans ma trachée...enfin, tu sais, ce genre de moment où une partie de ton mental te fait croire le truc et l’autre lui dit que ce n’est pas possible...sauf que j’avais vraiment l’impression d’étouffer.
J’en parle à l’assistante en lui montrant là où j’ai mal et elle me dit « là, c’est plutôt le sternum madame...vous êtes stressée ? »
Mon premier réflexe a été de dire non (un brin sur la défensive, tu vois), mais je me suis tue…et j’ai écouté à l’intérieur. Je ne ressentais pas d’appréhension face à l’intervention elle-même, par contre, je me sentais effectivement très stressée...sauf que je ne me l’étais pas avouée en mode « non mais j’ai les outils pour gérer mon stress »
Sauf que les outils, ça faisait une semaine que je ne les utilisais pas et que la semaine avait été assez intense.
Ahah, donc l’assistante, avec beaucoup de bienveillance et sans y aller par quatre chemins m’a mis face à mon état: merci madame!
Un peu (quelques heures) plus tard, arrivée chez moi après une semaine à ne pas y être, j’ai pris la mesure des tensions dans mon corps...j’étais quand même tendue au point de m’être bloqué totalement le sternum prétextant une gélule coincée!
Le lendemain, j’ai pris du temps pour méditer, écrire, penser sans rien faire, aller marcher sur un chemin connu (pas de pression de découvrir un nouvel itinéraire) et j’ai observé mon corps se relâcher, mon mental ralentir, ma cage thoracique respirer…
Le lien avec le deuil ?
Une partie difficile est les regrets exprimés par maman de ne pas avoir pris soin d’elle plus tôt, de ne pas avoir travaillé sur ses problèmes émotionnels plus tôt. Et ça, j’aimerai tellement que ça servent à d’autres pour ne pas ressentir les mêmes regrets.
Il me semble que dans notre société, nous valorisons encore une forme de destruction de soi au profit de la performance ou du « oui c’est bien mais pas pour moi ».
Prendre soin de soi, passe encore pour une forme de faiblesse.
Fumer et boire de l’alcool passe encore pour un truc cool.
Tenir un rythme de travail non compatible avec la santé sur le long terme à coup de café, clope et bière-le-soir-pour-se-détendre reste une norme largement répandue (et je te parle même pas de bosser le week-end quand tu n’es pas censé).
Alors que toutes les études montrent les effets néfastes du stress, du manque de sommeil (8h par jour est ce qu’il nous fait pour rester en santé), de la cigarette, les effets délétères de l’alcool sur notre état mental, nous n’appliquons pas.
Pourtant, nous n’avons qu’un corps pour vivre cette vie et bien souvent, quand il tire la sonnette d’alarme (quand il envoie une douleur alors que nous sommes en bonne santé), nous ne l’entendons pas, nous ne l’écoutons pas.
Alors il tire plus fort, jusqu’à l’arrêt d’urgence et là, il est souvent trop tard.
Et vient le temps de regrets.
Depuis un an, je lis sur la mort et la fin de vie.
Personne ne regrette d’avoir passé du temps avec ses enfants, d’être allé les chercher à l’école, d’avoir ralenti son rythme de travail, de vie, d’avoir arrêté de fumer, d’avoir arrêté de boire de l’alcool, d’avoir pris soin de son corps et de son mental, de s’être mis au yoga, à la méditation ou au spor, au makramé.
Ce n’est pas ça que les gens regrettent.
C’est le grand paradoxe du tabou de la mort : en mettant la mort à l’écart, on oublie que nous sommes mortels. S’en souvenir au contraire, ne nous rend pas morbide, mais plus conscient :
Qui ai-je envie d’être ? Quelle sœur, quelle amie, quelle mère, quel père ?
Combien de temps ai-je envie de partager cette vie avec les gens que j’aime, avec mes enfants ?
Que puis-je faire aujourd’hui pour mettre toutes les chances de mon côté ?
Alors si on changeait tout ça ?
Si on écrivait une nouvelle norme vers le bien être ?
Où c’est normal de prendre soin de soi, de dormir assez, de gérer son stress, d’aller chez le psy aussi facilement qu’on va chez le médecin, d’écouter son corps quand il se bloque, quand il envoi des douleurs alors qu’on est en bonne santé ?
Parce qu’au fond, je suis sûre qu’on a tous envie de profiter les uns des autres le plus longtemps possible, de voir les enfants grandir, qu’on a encore pleins de choses à vivre, de souvenirs à construire, de rêve à créer.
Alors offrons-nous cette opportunité.
Je te souhaie une trés belle semaine